Témoignage de Noël Lopez



On peut arracher l'homme au pays,

mais pas arracher le pays du coeur de l'homme


Pour parler de ma plage d’Oranie, du moins la dernière, car comme beaucoup de jeunes de l'époque adolescente nous avons côtoyés d'autres plages de ce beau littoral Oranais et ce n'est pas ses habitants de l'époque radieuse de l'Algérie Française qui vont me contredire !! Oui nous allons parler de Aïn-franin, c'est un endroit que nous fréquentions l'été mais aussi l'hiver et les autres saisons aussi, du moins pour ma famille, pas trop loin d'Oran et le plaisir de changer d'air!

Panorama réalisé par un ami


Toute la semaine en ville et l'école et le boulot pour papa et les tâches ménagères pour maman, donc nous nous évadions à 14 Kms de cette cité et de ses bruits quotidiens! Le samedi après la sortie de son travail et moi de l'école, nous nous préparions pour nous rendre sur le lieu de repos et une fois chargés les capasos, le départ était programmé et sur la petite Dyna-Panhard de mon père.

Dyna-Panhard de mon père


Nous prenions la direction de Gambetta et Canastel et je crois même Fernandville si mes souvenirs sont exacts nous passions prés du centre de vol à voile et après, le belvédère d'où nous avions un panorama immense, car nous apercevions dans le fond la pointe de l'aiguille et juste avant le fameux Kristel et encore plus en avant notre lieu détente et tous ces quartiers d'habitats !

Panorama depuis le Belvédère


Pour ceux qui ont côtoyés ces lieux ils sauront de quoi je parle! Oui après avoir parcouru cette route sinueuse nous arrivions à l'embranchement de l'autre route qui nous menait juste devant le restaurant Mon Rêve, et là sur la gauche papa garait la Dyna-Panhard et nous descendions le sentier face à la mer ah! La brise marine plein le nez, nous revivions de suite!

Complètement à droite sur la photo, chemin qui mène au Café Bar


Oui je voulais donc citer et surtout vous parler de cette époque mirifique où papa avait acheté un cabanon entre Canastel et Kristel, c'est à dire Aïn-Franin et là j'ai passé une jeunesse formidable, surtout pendant les vacances scolaires qui, si je ne me trompe pas, duraient trois mois, et si je me goure vous me le direz!!! Ce séjour prolongé se passait au bord de l'eau dans ce cabanon de treize mètres de façade, livré parfois aux colères de cette méditerranée bien agitée et qui venait se fracasser sur le promontoire rocheux de cette cote de l'Afrique du Nord et dont les embruns venaient se disperser sur la façade de ce logis de vacances !

Un jour de mauvaise mer


Une fois la porte d'entrée ouverte nous remisions les capasos, ah ! Oui j'ai oublié de dire l'été papa s'arrêtait au passage de Gambetta pour acheter une barre de glace car point d'électricité et cela nous permettait d'avoir les aliments frais, car il y avait la glacière de couleur bleue et nous faisions glisser le morceau d'eau congelée dans son habitacle : c'était parti pour le week-end!!

Il y avait la phrase immédiate de papa Riri tu penseras à monter au local buanderie pour donner un coup de pompe Japy afin de remplir le réservoir des toilettes et oui nous ne faisions pas en pleine nature! Donc après que cela fut fait moi bien sur je préparais mes futures activités et mes parents de même !
Il y avait aussi la corvée d'eau car pas de puits et nous ne buvions pas l'eau de notre citerne, donc maman disait Riri dans la journée tu prendras la bonbonne de cinq litres et tu iras la remplir au bassin ! Ce que je faisais puisque cela me permettait une petite promenade sur cette route caillouteuse et sur un terrain planté de pins, de lentisques, de palmiers nains et de leurs margaillons, enfin toute une faune appropriée à ce terrain! Il y avait et je ne veux pas oublier, les grandes tiges de la plante Aloès et les marticas, les figuiers de barbaries et leurs tchoumbos!

Bassin de chez Habib


Donc après avoir batifolé, retour à la maison ou plutôt au cabanon et une fois les tâches exécutées je vérifiais si mes amis étaient venus ou pas pour la suite et le programme des baignades et de la pêche en été et pour les autres saisons les promenades sur le Djebel Khar, ou bien les parties de ballons sur le grand pré au-dessus, ou bien les parties de croquet quand la famille Müller/Flamme était présente!
C’était encore les journées de grande chaleur, la sieste imposée par maman et au réveil la préparation du matériel aquatique pour faire une grande trempette du coté gauche du cabanon Ruis, avec ce panorama sur le Cap Roux et son bateau échoué, et là sur la petite dalle à fleur d'eau nous plongions et parfois nous avions les piquants d'oursins plantés dans les pieds, ah! quelle douleur cela ne nous coupait pas la grande envie de poursuivre les parties de natation dans cette eau limpide et chaude! Je me rappelle que c'est à cet endroit que j'appris à nager, car auparavant je faisais le chemin jusqu'au petit port pour me baigner où j'avais pieds et nous avions convenu avec maman pour me rapatrier, de suspendre une serviette sur le pilier de la caroutcha (rocher à qui nous avions donné ce nom) à ce moment cela voulait dire il faut rentrer c'est l'heure de remplir l'estomac!

Passage obligé du café bar au petit port


Ce que je faisais immédiatement en revenant par cet endroit qui se nommer (le mal passo) comprenne qui pourra et le long du chemin du retour je regardais tous ces cabanons bien alignés et dans lesquels les occupants étaient attablés, à la main un verre d'anisette, et la kémia dans la bouche! Aïn-Franin c'était les parties de pêche également avec les lombrisses que nous faisions avec papa et sa mixture vert de gris, les vers sortaient des anfractuosités des rochers et sautaient sur la mousse ainsi que les puces de mer et avec ces amorces nous allions pouvoir appâter les poissons! Nous pêchions aussi avec la boule de pate que maman avait préparée en y ajoutant une grande partie de fromage râpé sans oublier le « Bromedge » préparation dans un vieux bidon composé de vieilles croutes de plusieurs fromages qui fermentaient dans ce récipient et quand nous l'ouvrions je ne vous dis pas la prise!! Mais il permettait l'attirance des poissons et une pêche améliorée!

Une partie de pêche


Aïn-Franin c'est l'hiver aussi à grimper la montagne des lions (Djebel Khar) où je prenais les chemins sous la pinède et par ces sentiers, je retrouvais cette faune caractéristique qui peuplait le terrain! Il y avait les tortues d’Herman, les couleuvres, les lézards, et surtout les porcs épics et leurs longues épines dispersées sur le sol et beaucoup d'autres stigmates de cette occupations du sol, il y avait bien sur les champignons, les fenouils que nous dégustions après la bonne préparation que maman faisait!

Maman, Mirza


Je dois vous narrer les sorties nocturnes que je faisais avec mes amis de cette plage et que nous faisions en allant tenir compagnie à notre ami Christian qui était le gérant du restaurant mon Rêve , et comme la fée électrique ne faisait pas partie du décor , nous faisions démarrer le groupe électrogène qui permettait d'alimenter tout les équipements électriques et c'est autour du comptoir que nous finissions la nuit devant une bouteille de coca si gentiment offert par monsieur Christian ! Le week-end passait trop vite et c'était le retour au bercail pour commencer une nouvelle semaine sur Oran et ses vicissitudes et arrivés au belvédère nous tournions le dos à notre si beau lieu de villégiature.

Vue générale du café bar


Pour vous parler de la source d'eau chaude, c'est là que je faisais mes teintures de slips kangourou car cette source chargée en minéraux avant la bonté de nous teindre le tissu! Mais quel agréable moment passé dans ce bain bouillonnant et relaxant voila cela est resté là-bas en face ! Mais le souvenir de ces événements reste bien gravé dans mon esprit.

Vue plongeante vers la source en contrebas


Je vais arrêter mon témoignage il pourrait être plus long car le souvenir de ma plage est à jamais présent dans mon cœur et dans ma tête et ils m'ont privés de ce bien!

Aïn-Franin je t'aime!!!

Merci à l'auteur du site notre chère Monique ....



Noêl Lopez du café bar, 19 juillet 2011