Témoignage de Geneviève Brunel
Une journée là-bas.
En sortant du bureau Papa passait nous prendre ( j'habitais sur la place gambetta) et nous nous tenions prêts depuis un grand moment.
Maman avait préparé le souper et tout était dans des paniers enveloppés dans des torchons noués aux 4 coins.
A part elle avait empaqueté très soigneusement les appâts que papa avait toujours pour la pêche : il préparait une mixture étrange avec du pain, des restes de fromage, du vinaigre et il laissait macérer des jours durant. Interdiction de garder çette mixture dans la maison alors il laissait ça au second étage où se trouvait la terrasse. Au dernier moment mon frère ou moi allions chercher le contenant et le descendions avec moultes précautions pour éviter qu'il ne s'ouvre.
Geneviève Brunel et son petit frère
La voiture (une Dauphine) arrive et Papa descend pour tout mettre dans le coffre tandis que nous nous installons, puis départ vers Aïn Franin.
Nous laissons la voiture puis nous nous dirigeons vers un endroit en pente qui mène à la mer.
Toujours les mêmes recommandations: attendez votre père, mouillez-vous progressivement, n'allez pas trop loin, mouillez vos cheveux.....
Après un bain toujours trop court pour nous Papa sort et on doit rester au bord alors que nous savons parfaitement nager, à l'époque on écoute les parents.....
Papa sort tout son attirail de pêche : des cannes au coup(?)des cannes à lancer et l'attente commence.
Ça ne mord pas (évidemment avec tout le bruit qu'on fait); c'est toujours au moment où l'on commence à avoir faim que ça se met à mordre.
On remballe et on monte sous les arbres là où il y a le bassin avec plein de poissons d'ornements.
On passe devant la source où l'eau coule sur les feuilles tombées des immenses eucalyptus (je sens encore l'odeur) puis Maman pose un plaid et on s'installe.
On nous donne une assiette en plastique souple et un verre assorti puis Maman ouvre les torchons.
Il y a une tarte avec de la frita, des anchois et des olives noires, de la viande froide avec de la moutarde et des cornichons, du fromage et des fruits.
On entend des insectes, tout est calme à part ça , on grimpe aux arbres, on donne du pain aux poissons du bassin, puis la nuit tombe et on repart. On dort pendant le retour mon plus jeune frère ne se reveille pas quand on s'arrête alors Papa le prend dans ses bras et le monte en vitesse dans sa chambre puis repart pour garer la voiture.
Maman le met au lit et nous faisons la même chose puis elle vient nous dire bonne nuit mais nous ne l'entendons pas, comme dans un rêve le marchand de sable est passé.
Ces souvenirs me remontent à la surface et ça fait mal sinon, nous n'avions pas de cabanon. Un peu plus loin il y avait un lieu appelé "les calanques"où des amis à mes parents avaient des amis qui avaient une superbe villa qui surplombait la mer.
Une soirée toute simple, un pur bonheur et je paierai cher pour la revivre.
Nostalgie quand tu nous tiens !!
Retrouvailles :
Bonjour à tous,
hiver 1961 :
J'étais à Oran et comme souvent le week-end nous allions dans une calanque un peu après Aïn Franin car mon père (comme le chef) adorait la pêche.
Il y avait là une grande villa qui était à des amis et pendant que les hommes allaient à la pêche les femmes bavardaient.
Les gardiens, des arabes, avaient plusieurs enfants et l'aînée, une petite fille, quand ses parents lui laissaient un peu de temps pour elle, venait s'amuser avec mes frères qui avaient à peu près son âge environ dix ans.
Philippe et Eric Brunel
Un jour ils jouaient avec un âne et on les prend en photo.
Un peu plus loin toujours dans cette calanque un cabanon se construit et les propriétaires ont 3 enfants dont deux filles de mon âge qui s'ennuient et on unit nos ennuis!
On prend des photos 1962.
Les années passent!
L'année dernière je crois Monique me demande si j'ai des photos d'Aïn Fanin, je lui envoie une photo prise avec mes frères jouant avec l'âne devant la villa dont je vous ai parlé.
Il y a quelques jours Monique est contactée par une "pieds noirs" qui croit avoir reconnu la maison sur la photo: elle me demande des précisions et me donne le nom de cette dame.
Je fais fonctionner mes neurones et tout me revient: il se trouve qu'il s'agit de ma "copine" de là-bas qui vit en Allemagne avec son mari!
Marie Christine Font
Je recherche les photos, je les lui envoie et hier grande conversation au téléphone (quand on aime on ne compte pas!!!).
Elle est retournée en Algérie l'été dernier retrouver le cabanon (ou ce qu'il en restait) et voir tous les lieux où elle avait vécu!
Elle m'a envoyé des photos du port, de Santa Cruz, la place Fontanelle à Gambetta.
Elle veut y retourner car elle a besoin de revoir les lieux comme Aïn Franin, Krystel qui sont toujours aussi beaux:
submergée par l'émotion d'un premier retour elle n'a pas pris toutes les photos qu'elle voulait.
Excusez moi d'avoir été longue mais je voulais vous faire partager ce moment.
Bonne journée,
Geneviève Brunel le 20/10/ 2005
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